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Page:Biriukov - Léon Tolstoï, vie et oeuvre 3.djvu/399

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VIE ET ŒUVRE

seulement l’homme a le droit de profiter des fruits de son travail, ou au moins de voir ces fruits, et que dans l’œuvre de la vérité divine, éternelle, l’homme ne peut voir les fruits de son travail. Je sais tout cela, cependant, souvent je suis triste, c’est pourquoi l’espoir de trouver en vous un homme qui suit sincèrement la même voie que moi et va vers le même but, m’est très joyeux. »

Après avoir exposé le sens de la doctrine du Christ, tel qu’il la comprend, Tolstoï, avec la franchise propre à lui, pose enfin cette question si gênante :

«  Eh bien ! vous prêchez cela, c’est bien, le mettez-vous en pratique ? »

Et sans s’épargner, il répond à cette question :

« Je réponds que je ne fais pas de propagande et n’en puis faire. Je n’en peux faire que par mes actes, et ils sont mauvais. Ce que je dis n’est point propagande, ce n’est que la démonstration de la fausse interprétation de la doctrine chrétienne et l’explication de sa véritable importance. Son importance, c’est de nous permettre de trouver le sens de la vie. L’exécution des cinq commandements donne ce sens. Si vous voulez être chrétiens, il faut exécuter ces commandements, sinon ne parlez pas de christianisme. Mais, me dira-t-on, si vous trouvez qu’en dehors de l’accomplissement de la doctrine chrétienne il n’est pas de vie raisonnable, pourquoi n’exécutez-vous pas ces commandements ? Je répondrai que je suis coupable, vilain et digne de mépris, de ne les point exécuter. En même temps, moins pour me justifier que pour expliquer mon inconséquence, j’ajouterai : Examinez ma vie d’au-