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Page:Biriukov - Léon Tolstoï, vie et oeuvre 3.djvu/403

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VIE ET ŒUVRE

En avril, Tolstoï partit pour Iasnaïa. En arrivant là il fut le témoin d’un malheur fréquent dans les villages russes : la plus grande partie du village avait été détruite par un incendie. Aussitôt, il fait part à sa femme de la catastrophe et invite les siens à apporter leur aide aux malheureuses victimes :

« Avril 1883… Rien de plus pénible que la vie de ces pauvres gens. Il est difficile de s’imaginer tout ce qu’ils ont enduré et endureront encore ; tout le blé est brûlé : ce qui représente une perte d’au moins dix mille roubles.

« L’assurance en paiera peut-être deux mille, et le reste, il faudra recommencer et acquérir au moins de quoi ne pas mourir de faim. Je n’ai encore vu personne, sauf Philippe, Mitrofane et Maria Afanassievna. Envoie Serge à la banque d’État demander quels papiers ou quelle procuration sont nécessaires pour recevoir les billets, en cas de besoin.

« Tout à l’heure, j’ai visité les sinistrés. C’est pénible, terrible et majestueux. Cette force, cette sérénité et cette assurance de sa force, et de son calme. Le plus urgent maintenant, c’est l’avoine pour les semailles. Dis à mon frère Serge, si cela ne le gêne pas, qu’il me donne un mot pour le gérant de Pirogovo, afin qu’il me cède cent quarts d’avoine, on peut donner un bon prix. S’il y consent envoie-moi ce mot ou apporte-le. Même télégraphiez-moi si Serge donne ce mot pour l’avoine, car autrement il faudra prendre des mesures pour acheter ailleurs[1]. »

En mai, Tolstoï se rendit à sa propriété de Samara, et dans la lettre qu’il envoie de là à sa

  1. Archives de la comtesse S. A. Tolstoï.