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Page:Biriukov - Léon Tolstoï, vie et oeuvre 3.djvu/58

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LÉON TOLSTOÏ

contagion des raisonnements, il n’a pas à craindre ce malheur. Le roman est mauvais parce que l’auteur n’a rien étudié, ne sait rien, et que, sous les noms de Koutouzov et de Bagration, il montre de petits généraux contemporains, copiés servilement. »

Tolstoï lui-même reconnaît quelques défauts de son œuvre et écrit à ce sujet à son ami Fet, dont il met l’opinion au-dessus de toutes les autres. Dans sa lettre du 7 novembre 1866, il dit :

« Cher ami Afanassi Afanassiévitch ! Je n’ai pas répondu à votre dernière lettre reçue il y a un siècle, et j’en suis d’autant plus coupable que je me rappelle que, dans cette lettre, vous m’écriviez : « Irritabilis poetarum gens. » Eh bien, ce n’est pas mon cas. Au contraire, je me suis réjoui de votre opinion sur l’un de mes héros, le prince André, et j’en ai tiré pour mon compte beaucoup de choses instructives. Il est monotone, ennuyeux, et, dans toute la première partie, il n’est qu’un homme comme il faut. C’est vrai, mais c’est ma faute et non la sienne. Sauf l’invention des caractères, le mouvement et le choc des caractères entre eux, j’ai encore le plan historique, qui complique extrêmement mon travail, et avec lequel, comme il me semble, je ne parviens pas à m’arranger. C’est pourquoi dans la première partie, je me suis occupé du côté historique, et les caractères restent stationnaires, ne remuent pas. C’est un défaut que j’ai compris clairement par votre lettre et j’espère l’avoir corrigé. Je vous en prie, cher ami, écrivez-moi tout ce que vous pensez de mal de moi et de mes