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chapitre septième

trouvé la baie trop humide et trop froide pour y rester, et le temps trop mauvais pour aller jusqu’au cap Henlopen ; n’ayant pas d’alternative, j’avais donc pris terre contre mon gré, ce que faisant, j’avais été mouillé jusqu’aux os ; mais avant de me présenter chez lui, je m’étais séché à un feu que j’avais allumé dans les marais. Pendant ce temps-là, l’excellent homme empilait des petits fagots dans la grande cheminée de la cuisine et me racontait l’histoire de sa vie comme professeur dans les États de l’Ouest, la mort de sa femme et le vif désir qu’il ressentait de retourner dans son pays natal, le Delaware, pour y passer en paix ses derniers jours. Il me fit servir un excellent souper : de la truite, des huîtres frites, des ignames, etc., etc. Cette localité offre une excellente retraite aux hommes qui n’ont que peu de ressources et encore moins d’ambition. La grande baie est un bon lieu de pêche, et sur les marais on trouve des oiseaux en grand nombre.

Le sol, léger et chaud, répond généreusement au travail le plus modéré. Après une journée de pêche et de chasse, le nouvel arrivant peut fumer sa pipe en paix au bruit du bois qui flambe et éclate dans le grand vieux foyer. Là, il pourra vivre confortablement à l’aise et dans ses derniers jours avoir une vie végétative sans craindre que ses voisins lui reprochent son affaissement. Le vent était tombé au moment du coucher du soleil, et la gelée de la nuit laissa sur les étangs peu profonds une couche de glace de presque un pouce d’épaisseur. De mon lit, je pouvais voir par la fenêtre les éclats brillants des phares des caps May et Henlopen. Si la fatalité ne