Page:Bishop - En canot de papier de Québec au golfe du Mexique, traduction Hephell, Plon, 1879.djvu/160

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chapitre huitième.

confortable habitation était sur le continent, à cinq milles environ de la passe Watchapreague. Il m’invita à passer le dimanche avec lui, et j’appris par lui beaucoup de choses intéressantes.

Le lundi, jour à grains et à rafales, mon canot talonna à diverses reprises, en allant à la passe Watchapreague. La marée était très-basse, mais elle commença à remonter dès que je fus arrivé devant la plage. La brise soufflait très-fraîche du nord-est, et je cherchais un abri sous le vent du côté de la terre, quand tout à coup le canot, touchant une pointe sablonneuse, eut à se défendre d’une perte presque certaine contre la violence des eaux. La marée arrivait du large avec la force d’un rapide, et les rafales, qui se succédaient à intervalles irréguliers, soulevaient les vagues affolées. Il était inutile de chercher à virer de bord ; c’était plus que je ne pouvais demander à mon canot ; mais pour le mantenir sur la crête des vagues, j’employai tout ce qui me fut possible de dépenser de force musculaire, et je le dirigeai vers la pointe sud de la côte, en traversant la passe dangereuse de Watchapreague. Quoique je n’eusse qu’un demi-mille à faire, je ne parvins à le franchir qu’avec, de très-grandes peines. Les vagues passaient sur mon canot, mais la brave petite coque se relevait légère comme un oiseau, obéissant à l’action de la rame plus sûrement que ne l’eût fait au mors le cheval le mieux dressé.

Dès que je fus entré plus avant dans les eaux du sud, je reçus le vent de l’arrière, et les vagues, en s’abattant sur et par-dessus le canot, me jetèrent directement à la côte. Comme nous fuyions au plus vite, le vacarme des