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Page:Bishop - En canot de papier de Québec au golfe du Mexique, traduction Hephell, Plon, 1879.djvu/159

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EN CANOT DE PAPIER.

Il me paraissait étrange que les deux baies d’Assawaman fussent à quarante cinq milles au nord de la passe du même nom. En suivant le ruisseau à travers les marais situés entre l’île d’Assawaman et la grande terre, je franchis un autre passage peu profond par lequel je pus encore une fois voir l’Océan. C’était la passe Gargathy. Avant de l’atteindre, comme je voyais la nuit approcher, je pris une autre route, et, mes avirons aidant, je ralliai le continent et j’abordai au gîte d’un fermier très-obligeant, M. Martin Kelly. Dès le lendemain matin, je traversai le Gargothy.

Nous étions alors au samedi 28 novembre. Encourage par le succès avec lequel mon petit bateau se tirait de toutes les passes, je poussai en avant et j’entrepris d’explorer celle qui était la moins séduisante de toutes, située à l’extrémité de l’ile Malomkin. Le temps me favorisait, et je pus traverser le fort courant de marée qui se précipitait dans cette passe, sans embarquer de mer. Assawaman et Gargathy déplacent constamment leurs thalwegs, ayant tantôt six pieds d’eau ou seulement deux. Aussi ne faut-il pas trop se fier à l’île Matomkin. Il suffirait du vent du nord pour déplacer des bouées qui seraient établies dans les eaux de ces passes ; aussi n’a-t-on pas songé à les baliser. La passe de Watchapreague, au-dessous des dernières que je viens dénommer, est d’un caractère plus stable ; mais, par le mauvais temps, elle est aussi beaucoup plus dangereuse. De la passe Matomkin, je suivis les passes intérieures de l’île du Cèdre, jusqu’à ce que l’obscurité m’eût forcé à chercher un refuge chez le capitaine William Burton, dont la