Page:Bishop - En canot de papier de Québec au golfe du Mexique, traduction Hephell, Plon, 1879.djvu/253

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chapitre onzième.

Hill que le grand ruisseau du Bull. Faire remonter au canot cet étroit cours d’eau pendant trois milles et demi jusqu’au Peedee, d’où il sort, était une sérieuse épreuve. Par moment, le canot ne pouvait pas faire plus d’une centaine de pieds en cinq minutes, et souvent mes forces semblaient m’abandonner ; alors je saisissais des branches d’arbres secourables, que je tenais ferme pour empêcher le canot d’être entraîné par le courant, qui l’aurait jeté dans le Waccamaw.

À bout de force, je me disposais à chercher un refuge dans le marais, quand j’aperçus le large Waccamaw ; alors, avec de vigoureux coups de rames, le canot approcha lentement du puissant courant. Un instant de plus, et il était emporté par cette rivière turbulente, fuyant à raison de dix milles à l’heure. Un appel bruyant m’accueillit au sortir du marais, où une bande de noirs, scieurs de planches, étaient à l’ouvrage. Ils armèrent leur bateau, un long dug-out de cyprès, et me suivirent. Leur patron, le maître du port de refuge dont j’approchais rapidement, avait pris place à l’arrière. Nous mîmes ensemble pied à terre devant l’ancienne maison qu’occupaient plusieurs années auparavant les membres de la riche et puissante aristocratie des planteurs de riz du Peedee ; mais elle n’était plus actuellement que la demeure temporaire d’un homme du Nord, qui dirigeait le travail de ses quatre cents affranchis dans les marais des Carolines du Nord et du Sud.

Le canot venait d’entrer dans les domaines des planteurs de riz. Le long des rives plates du Peedee, on avait drainé des marais, où avant la guerre civile chaque pro-