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EN CANOT DE PAPIER.

L’aimable équipage m’envoya des cordes, avec lesquelles je commençai par attacher le chargement de mon embarcation ; elle fut amenée le long du bord du grand navire ; puis, lorsqu’elle eut été saisie par l’avant et par l’arrière, je gravis l’échelle, en même temps que le capitaine Jons Bergelund et ses officiers réclamaient la faveur d’embarquer le canot sur le pont du Rurik. La petite coquille paraissait encore plus petite lorsqu’elle fut sur le pont large et si bien briqué de l’ancien yacht à vapeur de l’empereur de Russie. Quoiqu’il fût devenu maintenant un trois-mâts et non plus un navire à vapeur, bien qu’il fût un bâtiment de charge et non plus un yacht impérial, le Rurik avait l’air en tous points d’un navire de la marine militaire, car son jeune capitaine, avec un amour-propre de vrai marin, le tenait dans la propreté et l’ordre le plus irréprochables.

Nous allâmes souper. Le capitaine, ses officiers et l’étranger étaient rassemblés autour d’une table, tandis que de temps à autre le généreux marin apportait de curieuses bouteilles et les déposait à côté de mets plus curieux encore.

Tout ce qui m’entourait avait l’aspect du pays où l’on voit le soleil à minuit ; j’aurais été encore plus désorienté que lorsque, « dans le brouillard, je voyais et poursuivais ce vaisseau fantôme », si le capitaine Bergelund ne m’avait mis à l’aise, grâce à la facilité de sa conversation en excellent anglais. Il causait de la Finlande, où les lacs couvrent tout le pays, depuis Abo, sa capitale, jusqu’à l’extrême nord, où les jours de l’été durent « presque toute la nuit ».