Page:Bishop - En canot de papier de Québec au golfe du Mexique, traduction Hephell, Plon, 1879.djvu/290

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chapitre douzième.

et arriva jusqu’au gaillard d’avant du navire, car un matelot répondit à mon appel et alla annoncer au capitaine la présence de mon bateau le long du bord.

Un bruit de pas fermes et réguliers résonna sur le pont ; puis, tout d’un bond, un jeune homme de vigoureuse apparence s’élança sur le bastingage. Du haut de son beau navire, il regarda la petite coquille qui flottait sur le courant jaseur, et d’un organe qui se ressentait des brouillards de l’Océan, il cria d’une voix de tonnerre : « Hohé ! du bateau ; qui êtes-vous ? — Le canot de papier la Maria-Theresa, répondis-je d’un ton aussi marin que je pus le faire. — D’où venez-vous ? où allez-vous ? répliqua le capitaine. — De Québec (Canada), à destination de votre navire pour y passer la nuit, si toutefois je peux jamais aborder, répondis-je à mon tour d’un ton moins éclatant, car je découvris bien vite que la nature n’avait pas songé à faire de moi une sirène. — Ah ! est-ce vous ? me dit gracieusement le capitaine en adoucissant tout à coup son accent ; il y a bien longtemps que je vous attends. Un journal de Charleston nous a annoncé votre arrivée ; montez, et cassons ensemble le cou à une bouteille de bon vin. »

« Tout le monde sur le pont ! » cria-t-on du gaillard d’avant ; alors, des officiers et des matelots finlandais, parlant l’anglais aussi bien que le russe, vinrent garnir le bastingage pour recevoir le canot de papier, qui leur avait d’abord été révélé par les journaux, lorsque leur navire était dans un port anglais, attendant la charte-partie qui devait les expédier ensuite a la rivière Bull (Caroline du Sud) pour y charger des phosphates.