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EN CANOT DE PAPIER.

Lorsque j’étais avec mon frère,
LorsJ’étais heureux.
Oh ! faites que je retourne près de ma mère,
Là je veux vivre et mourir !

Une petite hutte au milieu des buissons,
Une Une surtout que j’aime
Revient encore tristement à ma mémoire,
ReviPartout où je vais errant.
Quand pourrai-je entendre les abeilles bourdonner
QuaAutour de leur ruche ?
Quand pourrai-je entendre le ban-jo
QuaDans ma bonne vieille maison ?


Après chaque strophe, nous répétions en chœur :


Partout dans le monde je me fatigue et m’attriste,
PartPartout où je suis errant ;
O nègres ! combien mon cœur est triste
Si loin de la maison où sont mes vieux parents !


Nous entrâmes bientôt dans des forets vierges, dont la tranquillité n’était troublée que par le bruit de la hache des voleurs de bois ; car voler le bois est une profession qui atteint sa plus haute perfection dans l’État de la Floride, et dans les réserves de la marine des États-Unis. Le territoire de l’Oncle Sam est constamment pillé pour alimenter les scieries à vapeur des industriels de la Floride. Plusieurs de mes compagnons me racontèrent d’intéressantes histoires sur la façon dont s’arrangent les voleurs de bois pour voler légalement le gouvernement.

« Là, par exemple, me dit l’un d’eux, il y a X… qui alimente sa scierie avec les produits des forêts de pins qui appartiennent à l’Oncle Sam, Il acheta jadis quelques