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chapitre quinzième.

Le mardi 23, nous quittâmes Columbus sous les yeux d’un grand nombre d’habitants qui étaient venus pour nous voir appareiller ; plusieurs pensaient que ce simple et charmant voyage était trop dangereux pour être tenté. Le fleuve, rapide, mais calme, suivait son cours limpide comme s’il eût été une mer de verre fondu, sous la douce lumière du soleil qui tremblait à travers le feuillage et papillonnait sur la grande surface de ses eaux.

Nos bateaux franchissaient en toute sécurité les rapides, qui, pendant les mois d’été, sont difficiles à suivre, mais que la hauteur des eaux descendues des sommets du voisinage rendait alors très-praticables. Le temps était charmant, et notre petite bande, ravie de toutes les beautés du paysage, éveilla bien des échos par des chants empreints de sentimentalité ; il va sans dire que le vieux chant du temps passé ne fut pas oublié, et de notre meilleure voix nous chantions :

MontEn descendant le Suwanee,
MontEn dLoin, bien loin,
MontLà où mon cœur se tourne toujours,
MontLà où habitent les vieux parents,

Montant et descendant la création,
MonJe vais errant tristement,
Soupirant toujours pour la vieille plantation
Et pour les vieux parents qui sont à la maison.

Tout autour de la petite ferme j’errais
TouQuand j’étais jeune ;
Alors, j’ai passé bien des jours heureux !
J’ai chanté bien des chansons.