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chapitre septième

du soleil, avec ce qui me restait de soupe à la queue de bœuf de mon dîner de la veille.

J’étais maintenant dans la baie de la Delaware, qui prenait de magnifiques proportions. Du lieu où j’avais campé, je passai à la rive occidentale, au-dessous de l’île Reedy, où je me trouvai pris par le temps en allant remplir mes bouteilles d’eau douce à une ferme, ce qui me retînt à terre le reste de la journée. Le vent s’était élevé, et il soulevait une mer assez dure, lorsque j’arrivai à Bombay-Hook, où la baie a huit milles de largeur. J’essayai de débarquer sur les marais salés, mais une longue houle qui brisait sur la plage ne me permit pas d’accoster la terre avant de m’y être repris à plusieurs fois. Enfin les vagues, qui se succédaient rapidement, déposèrent mon canot sur la rive, dans un fourré de grands roseaux. Je débarquai vivement, croyant inutile d’aller plus loin ce jour-là, A la distance d’un huitième de mille s’élevait, au milieu des herbes et des joncs, une petite hauteur, couverte d’arbres et de buissons, où je portai à dos mes provisions ; je tirai alors aisément mon léger canot, sur le terrain plat du marais, jusqu’à mon campement. Un lit de roseaux fut vite coupé, et j’y plaçai ma petite embarcation pour empêcher qu’elle ne fut entraînée par mon propre poids, pendant la nuit, car je voulais expérimenter la force du canot en tant que lit de camp, les bateaux construits pour une seule personne étant généralement trop légers pour cette destination, lorsqu’ils sont hors de l’eau. L’épaisse bordure de roseaux qui entourait mon canot formait un excellent rempart ; elle me laissait