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Page:Bishop - En canot de papier de Québec au golfe du Mexique, traduction Hephell, Plon, 1879.djvu/165

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EN CANOT DE PAPIER.

Puis, saisissant mon bras d’une main, de l’autre il m’offre une chaise ; ensuite, il s’assied bien en face de moi et m’entreprend, d’une façon insinuante, jusqu’à ce qu’il m’ait soutiré l’histoire du voyage du canot de papier ; puis, se renversant sur le dos de son fauteuil, il passa la revue de ma personne et s’écria :

« Monsieur Bishop, vous êtes un homme d’énergie ; nous aimons les hommes d’énergie, nous admirons les hommes d’énergie, et je peux dire que nous baissons pavillon devant les hommes d’énergie ! Je suis charmé de faire votre connaissance ; si vous voulez bien vous arrêter ici un ou deux jours, toute la ville viendra voir votre canot. »

Je refusai absolument cette offre aimable, et nous allions nous séparer quand, d’un ton de doux reproche, il ajouta :

« Vous avez songé à nous fausser compagnie, n’est-ce pas vrai ? Eh bien ! je vous assure que ce sera complètement impossible : vigilance éternelle, telle est notre devise. Maintenant, vous ne pouvez pas nous échapper ; bonsoir, monsieur ; agréez, je vous prie, la bienvenue que vous souhaite le Landmark ! »

Six heures après, en entrant les yeux à moitié ouverts dans la salle à manger de l’hôtel, j’entendis un petit marchand de journaux qui criait dans le crépuscule du matin :

« Voilà le Landmark, avec l’histoire complète du canot de papier, etc., etc. », et avant que le soleil fût levé, j’avais lu une colonne et demie sur « l’arrivée du voyageur solitaire à Norfolk ».