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Page:Bishop - En canot de papier de Québec au golfe du Mexique, traduction Hephell, Plon, 1879.djvu/192

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EN CANOT DE PAPIER.

leur donnais ne semblaient qu’augmenter leur étonnement, et je me trouvai à mon tour dans la même condition d’esprit, lorsque je voulus obtenir quelques renseignements à propos de Kitty-Mitget, qui devait pourtant avoir dû habiter quelque part sur la plage Clark, longtemps avant la naissance du propriétaire actuel. Nous passâmes le lendemain à pêcher le maquereau sur la plage où il était encore possible de le rencontrer, avant qu’il disparût pour gagner le large. Pendant ce temps-là, les troupes nombreuses de mouettes qui le suivent pour pêcher les débris de poisson échappés à sa voracité, s’enfuyaient rapidement à la recherche de nouvelles victuailles.

Le jeudi, départ pour le cap Hatteras. L’ancienne chanson du marin, où il est dit que « Hatteras a toujours un grain en réserve pour qui passe au vent de sa porte », est plus vraie que poétique.

Je n’avais fait que peu de chemin, lorsque la brise souffla en tempête et qu’un jeune pêcheur dirigea son bateau à voiles de mon côté, et m’invita à passer à son bord. Nous essayâmes de remorquer le canot ; mais il se remplit d’eau, ce qui nous obligea à le prendre avec nous. Comme nous fuyions devant le vent, passant par-dessus les bas-fonds avec une-témérité folle, je découvris que ma nouvelle connaissance, Burnett, était un marin aussi audacieux qu’imprévoyant. Il me raconta comment il avait fait chavirer la goélette de son père, en portant trop de toile :

« On est ici d’une lenteur désespérante et que Je déteste « , me disait-il.