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Page:Bishop - En canot de papier de Québec au golfe du Mexique, traduction Hephell, Plon, 1879.djvu/216

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EN CANOT DE PAPIER.

gnie, car vous êtes trop familier. » Le coup et l’observation tombèrent comme de la pluie sur la tête et le cœur du marin, qui riposta : « Je connais mes avantages à Hunting-Quarters, où il y a beaucoup de femmes et peu d’hommes. »

Cette phrase, dont tout le monde comprenait la justesse, provoqua dans la foule de grands éclats de rire qui se calmèrent à la nouvelle, donnée par un petit garçon, de l’arrivée du ministre ; sur quoi le révérend s’ouvrit un passage à travers les assistants jusqu’au jeune couple, qu’il invita à se lever. Après quelques paroles précipitées du clergyman et les réponses timides des fiancés, la cérémonie était terminée. Ensuite la foule sortit en masse de la maison, chaque garçon choisit une jeune fille, et chaque couple se rangea en procession à la tête de laquelle se plaça le clergyman, qui se rendit par une route sablonneuse à une autre maison située dans le bois, où un second mariage allait être célébré. C’était comique de voir les jeunes garçons quitter la procession et courir au village pour y acheter à vingt-cinq cents la livre des dragées, qui contenaient plus de plâtre que de sucre. Dès que leurs poches étaient remplies, ils venaient reprendre leur rang dans la procession, mettaient beaucoup de bonbons dans les tabliers des jeunes filles, puis, un instant après, ils recommençaient le même manège, faisant pleuvoir sur leurs belles des gâteaux, des raisins, des noix et des oranges. Le seul garçon qui paraissait n’être pas en faveur aux yeux des femmes dépensait plus d’argent que tous ses autres camarades ; mais, bien que chaque