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chapitre onzième.

par des dépôts de marée et encombré de végétation très-puissante.

Les rigoles des rizières déversaient leur drainage dans le Mosquito. Le canot suivit un large fossé à droite, à travers des champs d’un riche sol d’alluvion, qui avait été conquis sur l’état naturel par un rude travail, et j’atteignis bientôt le moulin à riz du commodore Richard Lowndes. Un peu plus loin, dans un beau bois de chênes verts, couvert de festons de mousse d’Espagne, s’élevait sur une hauteur l’imposante maison du planteur. Il entretenait toujours ses terres en exploitation, bien que sur une échelle moindre qu’autrefois. Quelle charmante soirée je passai dans la compagnie des membres de la famille du vieux commodore ! Aussi ce fut avec un sentiment de vif regret que je repris mes avirons le lendemain, et qu’en suivant le grand canal des terrains plats, j’adressai des regards d’adieu à la maison de mon hôte et à ses grands vieux arbres. Le canal finissait à la baie Nord-Santee.

Tandis que je me préparais à remonter la rivière, une tempête s’éleva subitement, et me retint prisonnier au milieu des joncs des rizières du marais. Les roseaux creux fournissaient un pauvre combustible pour ma cuisine, lorsque cette sombre nuit d’orage m’entoura de tous les côtés, et que le sol, devenu encore plus humide à mesure que la marée montait, menaçait de tout inonder. Pendant plusieurs heures je restai couché dans mon étroit canot, en attendant que le flot eût atteint son point extrême ; dès qu’il se retira, il ne me laissa aucun moyen de faire du feu, tant les roseaux