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chapitre onzième.

étaient maintenant tous dispersés ; ils étaient retournés soit à la ferme, soit à la boutique, soit aux pupitres, soit à la chaire. Le vieux drapeau flottait de nouveau sur les remparts du Sumter ; un gouvernement essayait de se reconstituer afin que la grande République pût devenir plus sincèrement le gouvernement du peuple, fondé sur l’égalité des droits de tous les hommes.

Le bruit que fit la quille du canot en frottant sur les rochers m’arracha à ma rêverie ; j’avais stoppé sur mes avirons, et la marée m’avait porté lentement, mais droit, sur des bancs d’huîtres. Je m’en tirai avec quelques égratignures sans importance.

Je supposais, d’après la lecture des journaux, que les citoyens de la ville qui avait joué un rôle si important pendant la guerre civile, ne recevraient probablement pas avec faveur un citoyen du Massachusetts. Je me décidai en conséquence à prendre le bac pour aller à la ville demander le gros paquet de lettres qui m’attendait à la poste.

Je me proposais, après l’avoir reçu, de retourner à Mount-Please, de traverser ensuite la baie jusqu’à l’entrée des eaux du Sud, et de quitter la ville aussi discrètement que j’y étais entré.

J’étais cependant curieux de voir comment, sous le nouveau régime, les choses se passaient dans la ville jadis si fière de Charleston. Quand je me présentai au guichet où se faisait la distribution des lettres, en demandant les miennes, une ombre épaisse sembla tomber sur moi, et au même instant parut la tête d’un noir. La physionomie de ce fonctionnaire s’éclaira d’une expres-