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EN CANOT DE PAPIER.

Je quittai le Sound-Wadmelaw et j’entrai dans un coude de la rivière, d’où j’aperçus, à gauche, les collines du débarcadère d’Entreprise avec son magasin, et les ruines d’une scierie détruite par un incendie. Après avoir fait plus de trente milles depuis l’Ashley, j’appris que le propriétaire d’Entreprise, citoyen du Connecticut, avait fait des préparatifs pour me recevoir ; ce fut ainsi que se termina cette journée d’agréable voyage.

Le lendemain, le cardinal gazouillait sa chanson matinale, lorsque les membres de la petite colonie de la Nouvelle-Angleterre vinrent pour assister à mon départ ; je me préparais, en effet, à descendre le Wadmelaw. La route passait souvent sur des lits submergés de phosphates de la Caroline du Sud, où les débris d’espèces éteintes étaient maintenant extraits du sol, offrant à la fois de l’engrais aux sols fatigués de l’Amérique et de l’Europe, et d’intéressants sujets d’étude aux savants. Il me fallut peu de temps pour me rendre du débarcadère au Dahoo. Le Nord-Edisto, large courant, passe à l’embouchure du Dahoo pour descendre à la mer, qui est à environ dix milles de distance.

Sur le Dahoo, les marsouins me donnèrent, par leurs gambades pendant deux milles, une preuve évidente qu’ils connaissaient la présence du bateau de papier ; mais comme j’étais maintenant dans des eaux intérieures parfaitement calmes, je pouvais rire de ces étranges créatures lorsqu’elles s’élançaient hors de l’eau autour de mon canot. À quatre heures de l’après-midi, après avoir traversé les vastes marais de l’île Jehossee, j’arrivai au village de la plantation par un canal très-court.