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EN CANOT DE PAPIER.

née, mais qui insista aussi pour accompagner le canot de papier jusqu’à la mer.

Rassemblés autour, des foyers de ces habitants des bois, la conversation s’engageait généralement sur les récits de chasse, les traditions indiennes et les épreuves qu’eurent à souffrir les pionniers lorsqu’ils étaient venus s’établir au milieu des forêts.

Un accident d’un intérêt saisissant était arrivé sur les bords du Suwanee quelques semaines avant que le canot de papier entrât dans ses eaux. Deux chasseurs étaient allés la nuit dans les bois pour tirer des daims à la lueur de torches allumées. Comme ils avançaient avec ces torches élevées au-dessus de leur tête, ils arrivèrent sur un troupeau de daims, qui, éblouis par l’éclat de la lumière, ne firent pas le moindre effort pour échapper.

Enfonçant leurs torches en terre, les chasseurs se couchèrent sur l’herbe pour se cacher aux animaux qu’ils espéraient tuer à leur convenance. L’un des chasseurs s’était posté sous les branches d’un grand arbre ; l’autre à quelques pas de distance. Avant que le signal convenu pour tirer fût donné, le bruit d’un corps lourd tombant à terre, suivi d’un cri étouffé, fit tressaillir le chasseur le plus éloigné de l’arbre. Frappé d’alarme, il courut au secours de son ami, dont le corps inanimé était couvert par une grande panthère qui s’était élancée sur lui du haut d’une des branches principales du grand chêne. Briser avec ses fortes mâchoires les os du pauvre bûcheron n’avait été pour ce puissant animal que l’affaire d’un instant.