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Page:Bizet - Lettres à un ami, 1909.djvu/158

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J’ai perdu quinze jours de travail ! Sauvage, l’un des deux auteurs de la machine que vous savez[1], a failli claquer d’une congestion bilieuse… Nouveau retard ! Leroy me dit qu’il avance et que ça vient très bien ! — Je viens de terminer de Grandes variations chromatiques pour piano. C’est le thème chromatique que j’avais esquissé cet hiver. Je suis, je vous l’avoue, tout à fait content de ce morceau. C’est traité très audacieusement, vous verrez. Puis un Nocturne auquel j’attache de l’importance[2]. Tout cela paraîtra en septembre ou octobre. Il se fait en moi un changement extraordinaire. Je change de peau, autant comme artiste que comme homme ; je m’épure, je deviens meilleur : je le sens ! Allons, je trouverai quelque chose dans mon individu, en cherchant bien.

Excusez cette lettre un peu insensée ; mais j’ai mangé aujourd’hui pour la première fois

  1. Le livret de Leroy pour l’Opéra dont il a été question dans les lettres précédentes. Voir plus haut, pp. 137-138, 140.
  2. Voir l’introduction, p. 29.