Page:Bizet - Lettres à un ami, 1909.djvu/199

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Octobre 1869, 22, rue de Doual, Paris.

Mon bien cher ami,

La détermination que vous prenez est aussi favorable à votre santé morale qu’à votre santé physique. Ici, tout est troppmannisme, haussmannisme et napoléonisme ! Vivez au grand air, cultivez, travaillez et moralisez ! Supposez dans chaque département cent agriculteurs de votre trempe, et voyez où nous en serons dans vingt ans.— Ce que vous avez fait n’est pas perdu ! Vous vous êtes préparé des jouissances d’autant plus grandes qu’elles contrasteront davantage avec vos occupations ordinaires.— Vos nerfs conserveront leur délicatesse, grâce à la musique, et vos muscles se fortifieront, grâce à l’agriculture. Vous pourrez exercer votre influence sur une certaine quantité d’hommes et vous aurez conscience du bien que vous ferez chaque jour.— Au point de vue du progrès humanitaire, vous ferez cent fois plus que vous n’auriez fait dans cette lutte fatigante, énervante et souvent, hélas, sans issue.