Page:Bizet - Lettres à un ami, 1909.djvu/47

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absolument sincère. Nature élevée, Bizet cherchait par-dessus tout à réaliser son idéal, et les petites blessures d’amour-propre ne comptaient guère pour lui. Le représenter autrement, c’est le mal juger.

Sans doute, Marmontel, dont il a été l’élève et qui l’appréciait comme il méritait de l’être a bien, en effet, écrit ceci : « La nature si honnête et si franche de Georges Bizet a cruellement souffert de cette âpreté souvent excessive de la critique. Sous une apparence froide, le cœur du vaillant compositeur battait vite et fort, et, quoique bien trempée, son âme s’est brisée avant l’heure dans ces combats journaliers, où il faudrait pouvoir regarder ses ennemis en souriant. Moins épris de son art, moins jaloux de ses œuvres, Bizet serait encore une des gloires de l’école française. Une extrême nervosité, jointe à un vif sentiment de sa dignité professionnelle, lui donne le triste privilège de figurer dans la galerie des morts célèbres[1]. »

Oui, Marmontel a bien écrit ces lignes, mais

  1. Symphonistes et Virtuoses, p. 248.