l’écorcha, jeta la peau et les deux cornes d’or dans un coin, et embrocha sa viande.
— « Petits chrétiens, tournez la broche.
— Bécut, tu seras obéi. »
Tandis qu’ils tournaient la broche, le Bécut posait sur la table un quintal de pain, et sept grandes cruches de vin.
— « Petits chrétiens, asseyez-vous là. Ne vous laissez manquer de rien, et contez-moi des choses de votre pays. »
Le garçon savait force beaux contes. Il parla jusqu’à la fin du souper.
— « Petit chrétien, je suis content de toi. Maintenant, à ton tour, petite chrétienne. »
La jeune fille savait force belles prières, en l’honneur du Bon Dieu, de la sainte Vierge et des saints. Mais, au premier mot, le Bécut devint tout bleu de colère.
— « Ah ! carogne. Tu pries Dieu. Attends, attends. »
Aussitôt, le Bécut saisit la jeune fille, la dépouilla de ses habits, la coucha sur un gril, et la fit cuire toute vive à petit feu.
— « Petit chrétien, que dis-tu de cette grillade ? Tout-à-l’heure, je t’en donnerai ta part.
— Non, Bécut. Les chrétiens ne se mangent pas entre eux.
— Petit chrétien, regarde. Voilà ce que je ferai