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TRADITIONS


criait le Bécut. Vous, bœufs, passez les premiers. Un par un. »

Il s’assit dehors, sur le seuil de la caverne. Les bœufs passèrent les premiers, un par un, tandis que le maître tâtait les cornes de leurs têtes, et le pelage de leur dos. Il comptait :

— « Un, deux, trois, quatre… — Maintenant, à vous, moutons. Passez un à un. »

Après les bœufs, les moutons passèrent un à un, tandis que le maître tâtait les cornes de leur tête, et la laine de leur dos. Il comptait :

— « Un, deux, trois, quatre… »

Parmi les moutons, le garçon attendait à quatre pattes. Son tour venu, il arriva sans peur ni crainte.

Mais le Bécut se méfiait. En tâtant la laine du dos, il comprit que la peau s’ajustait mal.

— « Ah ! petit chrétien. Ah ! canaille. Attends, attends ! »

Mais le garçon décampa plus vite que le vent. Le Bécut criait à se faire entendre de cent lieues

— « Malheur ! Le petit chrétien m’échappe. Au secours, frères ! Au secours ! »

Mais les frères ne vinrent pas. Alors, le Bécut se coucha de tout son long en dehors de la caverne. Caché tout près, au bord d’un gave, le garçon écoutait et regardait.

Depuis trois jours et trois nuits, le Bécut