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Page:Bladé - Contes populaires de la Gascogne, t. 1, 1886.djvu/19

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V
PRÉFACE


Revenu des Universités, au commencement du second Empire, je fus bientôt nommé juge suppléant au tribunal de Lectoure, ma ville natale. Cette circonstance me fixait pour quinze ans dans un des centres les plus riches de la tradition orale. En même temps, je gagnais le don de transporter, du monde des affaires dans celui de l’histoire locale, l’habitude des enquêtes scrupuleuses et patientes.

Ainsi commença mon apprentissage d’annaliste de la Gascogne.

À mes heures de loisir, je m’inquiétais déjà du passé de ma province, manifesté dans les événements politiques, le droit féodal et coutumier, la géographie historique, et la littérature populaire.

Pour me préparer à comprendre et à recueillir passablement celle-ci, un brave homme, un vrai savant, Édélestand Duméril, me conseilla d’abord l’étude des travaux publiés en Europe, depuis plus d’un siècle, sur les épopées antiques, et les chansons de geste. Ce fut ainsi que j’aiguisai quelque peu ma critique, et que je constatai de nombreux et intimes rapports entre les littératures épique et populaire. Incidemment je reconnus, en attendant de la prouver, dans ma Dissertation sur les chants héroïques des