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CHÂTIMENTS


— « En voilà un qui n’est pas sourd-muet, comme cet infirme, que j’ai tort de laisser vivre.

— Roi des Païens, tuez cet infirme si cela vous plaît. Moi, je le laisserais vivre. Bientôt, nous pourrons en faire un petit valet. »

Voilà ce que disait la reine. Mais elle pensait :

— « Sainte Vierge ! Quelle vergogne ! Je suis la mère d’un Païen. Quand mon fils aîné sera grand et fort, il n’oubliera pas ce que j’endure pour lui. »

Jusqu’à l’âge de quatorze ans, le fils du roi vécut au château, faisant toujours comme s’il était sourd-muet. Depuis le jour où elle avait épousé le Roi des Païens, sa mère ne lui avait pas soufflé mot. Mais un soir, la reine parla.

— « Nous sommes tous deux seuls, bien seuls.

— Écoute. Pauvre ami, tu n’es plus un enfant. Dans sept ans, tu seras un homme. Tiens, prends ce bâton. Prends cette bourse. Va-t-en courir le monde. Tu me manderas en secret de tes nouvelles. Trouve l’épée de saint Pierre. Pauvre ami, quand tu seras grand et fort, n’oublie pas ce que j’endure pour toi.

— Mère, vous serez obéie. »

Le garçon salua sa mère, et partit.

Le lendemain, le Roi des Païens dit à la reine :

— « Reine, qu’est devenu le sourd-muet ?

— Roi des Païens, le sourd-muet s’est échappé