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ET VENGEANCES


— Quiou quiou quiou. Berger (en ce temps-là les bêtes parlaient), j’ai bien raison de me désoler[1]. Les frelons m’ont chassé du nid que je m’étais creusé, dans le tronc de ce vieux chêne.

— Patience, pivert. Je vais te rendre ton nid. »

Le fils du roi battit le briquet, alluma une poignée d’herbes sèches, et enfuma les frelons.

— « Tiens, pivert. Rentre dans ton nid, et ne me casse plus la tête. Je veux dormir.

— Quiou, quiou, quiou. Berger, tu m’as fait un grand service. Je te paierai selon mon pouvoir. Berger, je sais qui tu es. Je sais à quoi tu penses nuit et jour. Tu penses que ta mère t’a dit : « Va-t-en courir le monde. Tu me manderas en secret de tes nouvelles. Trouve l’épée de saint Pierre. Quand tu seras grand et fort, n’oublie pas ce que j’endure pour toi. » Berger, je ne sais pas où est l’épée de saint Pierre. Mais s’il faut porter, en secret, de tes nouvelles à ta mère, parle, et tu seras obéi.

— Pivert, va dire à ma mère : « Votre fils se porte bien. Il garde, au bord de la mer grande, un troupeau de trois cents brebis blanches et noires, et il n’oublie pas ce que vous endurez pour lui. »

  1. Cette parenthèse revient assez souvent, dans les contes gascons où les bétes parlent. J’ai cru qu'il suffisait de la noter une fois pour toutes.