Page:Bladé - Contes populaires de la Gascogne, t. 1, 1886.djvu/225

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
161
ET VENGEANCES


et tiens-toi ferme. Jésus ! Tu ne pèses pas plus qu’une plume.

— Patience. Je pèserai davantage au milieu de l’eau.

— C’est vrai. Jésus ! Tu m’écrases.

— Patience. Sur l’autre bord, je ne pèserai pas plus qu’une plume.

— C’est vrai. Tiens, pauvre, te voilà passé. Bois encore un coup à ma gourde, et que le Bon Dieu te conduise.

— Jeune homme, je ne suis pas un pauvre. Je suis saint Pierre. Jeune homme, tu m’as fait un grand service. Je te paierai selon mon pouvoir. Jeune homme, je sais qui tu es. Je sais à quoi tu penses nuit et jour. Tu penses que ta mère t’a dit : « Va-t-en courir le monde. Trouve l’épée de saint Pierre. Quand tu seras grand et fort, n’oublie pas ce que j’endure pour toi. » Jeune homme, écoute. Jusqu’à la pointe du jour, tu vas marcher, en priant Dieu, tout le long de la rivière. Alors, tu seras devant un trou noir et puant, un trou profond de cent toises. Hardi ! Descends, sans peur ni crainte. Aide-toi des pieds et des mains. Mais en-bas, tu ne seras pas au bout de tes épreuves. Longtemps, bien longtemps, tu voyageras sous terre. Dans ta besace, tu trouveras, chaque matin, juste assez de pain pour ne pas crever de faim. Dans ta gourde, tu trouveras,