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LES BELLES PERSÉCUTÉES


château, il manda ses trois filles dans sa chambre.

— « Mes filles, écoutez. Voici les beaux présents que je rapporte pour mes deux aînées. Voilà la belle fleur que j’ai cueillie pour ma dernière, près d’un beau château, dans un superbe parterre. Je ne l’avais pas cueillie, que j’ai entendu une voix ; mais je n’ai pas vu celui qui parlait. « Roi, m’a-t-il dit, tu m’as volé la plus belle de mes fleurs. Donne-moi en mariage la plus belle de tes filles. Sinon je vous mange tout vifs, toi et les tiens. » Qui de vous veut épouser le maître de ce château ?

— Père, pas moi, dit l’aînée.

— Père, pas moi, dit la seconde.

— Père, dit alors la troisième, je ne veux pas que vous soyez mangés tout vifs, vous et les vôtres. J’épouserai qui vous voudrez. »

Le lendemain, le roi prit sa troisième fille en croupe, et la porta dans le parterre dont, la veille, il avait cueilli la plus belle fleur.

— « Adieu, ma fille. Prie Dieu qu’il te garde de tout malheur. »

Et le roi repartit au grand galop.

Longtemps, bien longtemps, la jeune fille demeura seule à pleurer, dans le parterre. Enfin, elle vint frapper à la porte du château. Mais la demeure était déserte, et la porte ne s’ouvrit pas.