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LES BELLES PERSÉCUTÉES


Un quart-d’heure après, ils entendaient un sabbat d’enfer. C’étaient les Vents qui rentraient de leur voyage.

— « À table, mes fils. Vous ne me battrez pas ce soir. »

Les Vents s’attablèrent en riant.

— « Ah ! ah ! mère ! Quelle soupe ! Quel fricot. Et quel vin, mère ! Quel vin ! »

Au rôti, les Vents étaient en ribotte, et trinquaient.

— « À votre santé, mère.

— À votre santé, mes enfants.

— Que fais-tu demain, Vent de Bayonne[1] ?

— Demain, je vais souffler sur la mer grande, et faire perdre force navires.

— Et toi, Vent de Bise ?

— Moi, je vais souffler sur la ville de Paris, et secouer comme il faut le Louvre du roi de France.

— Et toi, Vent de Nord ?

— Moi, le pape aura de mes nouvelles. Je vais souffler sur la ville de Rome.

— Et toi, Vent d’Autan ?

— Moi, je vais souffler sur la ville de Jérusalem, et briser les grands arbres, en Terre-Sainte. »

Le maître et le valet écoutaient, cachés dans la chambrette.

  1. Vent du sud-ouest.