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LES BELLES PERSÉCUTÉES


encore plus laide et plus méchante que sa mère. La Marâtre et sa Créature commandaient en maîtresses dans la maison. Par elles, la Belle Jeanneton et ses deux frères souffraient, nuit et jour, mille tourments.

Enfin, les deux garçons dirent à leur sœur, en grand secret :

— « Petite sœur, écoute. Ici, notre Marâtre et sa Créature nous font souffrir, nuit et jour, mille tourments. Demain, nous partons pour la guerre. Toi, demeure à la maison. Endure ton mal, et prends patience. Quand nous serons riches, nous reviendrons te chercher, et nous te marierons à ton gré. Mais, avant de partir, nous voulons faire ta statuette ressemblante. Nous l’emporterons à la guerre, et nous l’embrasserons sept fois par jour.

— Frères, faites à votre volonté. »

Alors, l’aîné fit la statuette ressemblante de la Belle Jeanneton. Le cadet la peignit et la dora, mieux que le plus habile ouvrier n’eût été capable de le faire.

— « Adieu, petite sœur. Maintenant, nous pouvons partir pour la guerre. »

Ce qui fut dit fut fait. La Belle Jeanneton demeura seule à la maison, où la Marâtre et sa Créature lui faisaient souffrir, nuit et jour, mille tourments. Mais la pauvrette endurait son mal, prenait patience, et pensait :