Page:Bladé - Contes populaires de la Gascogne, t. 1, 1886.djvu/296

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
232
LES BELLES PERSÉCUTÉES


— Ton frère aîné a dit : « Donne à ta sœur ton voile blanc, et ta couronne de fleurs d’oranger. »

La Belle Jeanneton obéit sans se plaindre.

Que firent alors la Marâtre et sa Créature ? Tandis que la voiture roulait, elles ouvrirent la portière doucement, bien doucement, et, sans être vues des deux frères, lancèrent la Belle Jeanneton dans un bourbier.

Depuis le lever du soleil, le Fils du Roi de France attendait, bouillant d’impatience, devant la grande porte de son château. Dès qu’il aperçut la Marâtre et sa Créature, il devint tout bleu de colère.

— « Bourreau, cria-t-il, ces deux hommes m’ont menti. Vite, enferme-les dans un cachot noir. Brise leur la tête sous une pierre, et laisse-les pourrir, rongés des vers et des rats. »

Le bourreau obéit.

Alors, le Fils du Roi de France se tourna vers la Marâtre et sa Créature.

— « Femmes, qui êtes-vous ?

— Fils du Roi de France, je suis la mère de la Belle Jeanneton. Voici votre fiancée.

— Çà, la Belle Jeanneton ? Valets, vite, un peigne. Vite, une aiguière. »

Les valets obéirent.

— « Souillon, peigne-toi. »