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LES BELLES PERSÉCUTÉES


de pétrir, va me quérir le notaire. Je veux me réduire à une pension, et partager mon bien entre mes trois filles.

— Maître, à votre place je ne ferais pas cela.

— Pourquoi, valet ?

— Maître, celui qui n’a plus rien est bien vite méprisé. À votre place, je garderais ma terre, et je doterais mes filles raisonnablement, le jour de leur mariage.

— Valet, mes filles m’aiment. Je ne crains rien.

— Maître, mettez-les à l’épreuve, avant de vous décider. »

Le roi monta dans sa chambre, et commanda qu’on y fit venir ses trois filles.

« — M’aimes-tu ? dit-il à l’aînée.

— Père, je vous aime plus que tout au monde.

— Bien. Et toi, ma cadette, m’aimes-tu ?

— Père, je vous aime plus que tout au monde.

— Bien. Et toi, ma dernière, m’aimes-tu ?

— Père, je vous aime autant que vous aimez le sel.

— Méchante langue ! Tu insultes ton père. Rentre dans ta chambre, et attends-y que j’aie décidé ce qu’il faut faire de toi. »

La fille dernière rentra dans sa chambre. Alors, ses deux sœurs dirent à leur père :

« — Notre sœur vous a insulté. Elle mérite la mort.