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LES BELLES PERSÉCUTÉES


semblant d’avoir peur et de pleurer. Du premier coup, elle chaussa le petit soulier rouge.

— « Et maintenant, dit-elle, attendez-moi tous. »

Elle alla s’enfermer dans sa chambrette, et revint, un moment après, chaussée de rouge des deux pieds, vêtue de sa robe couleur du soleil.

— « Mie, dit le roi, il faut que tu épouses mon fils.

— Roi, je l’épouserai quand il aura le consentement de mon père. En attendant, je veux toujours garder vos dindons. »

Alors, le roi et son fils se trouvèrent bien embarrassés.

Pendant que tout cela se passait, l’autre roi, chassé par ses deux filles, demeurait toujours, avec son valet, dans sa petite métairie. Vingt fois par jour, il disait :

— « Mes deux filles aînées sont des carognes, et mes gendres de mauvais sujets. Si j’avais ma dernière enfant, elle me tiendrait compagnie, tout en me filant des chemises, et en rapiéçant mes habits. Valet, pourquoi l’as-tu tuée ? Pourquoi m’as-tu rapporté sa langue ?

— Maître, c’est vous qui me l’avez commandé.

— Alors, valet, j’ai eu tort de te le commander. Toi, tu as eu tort de m’obéir.

— Excusez, maître. Je n’ai pas eu tort, parce