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Page:Bladé - Contes populaires de la Gascogne, t. 1, 1886.djvu/72

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TRADITIONS


oiseaux n’y peuvent voler, et que la neige n’y fond jamais.

Là, demeurait la Grand’Bête à tête d’homme.

Le jeune homme entra dans la grotte, sans peur ni crainte.

— « Hô ! Grand’Bête à tête d’homme ! Hô ! hô ! hô !

— Que me veux-tu ?

— Grand’Bête à tête d’homme, je veux répondre à tes trois questions, et gagner la moitié de ton or. Si je demeure muet, tu me mangeras tout vif. »

Pendant que la Grand’Bête à tête d’homme se préparait à l’embarrasser, le jeune homme songeait à ce que lui avait dit l’Archevêque d’Auch : « Avant de questionner trois fois les gens, la Grand’Bête à tête d’homme leur commande trois choses impossibles. Ne prends pas garde à cela. Prouve qu’il n’y a pas moyen. Pour les trois questions, c’est une autre affaire. Tu seras mangé tout vif, si tu demeures muet. Écoute bien. Comprends bien. Réponds sans te presser. »

Enfin, la Grand’Bête à tête d’homme parla.

— « Je te donne la mer à boire.

— Bois-la toi-même. Ni moi, ni toi, n’avons un gésier à boire la mer.

— Je te donne la lune à manger.

— Mange la toi-même. La lune est trop loin, pour que, moi ou toi, nous puissions l’atteindre.