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GRÉCO-LATINES


de ses ailes et de son plumage. Cela fait, il se mit au lit, plaça l’épée nue entre lui et sa femme, et s’endormit.

Alors, la reine alla chercher la lumière qu’elle avait cachée, et regarda son mari. C’était un homme beau comme le jour.

— « Mon Dieu, comme mon mari est beau ! » La reine se rapprocha du lit, avec sa lumière, pour mieux voir, et laissa tomber un peu de cire bouillante sur son mari. Le Roi des Corbeaux se réveilla[1].

— « Femme, dit-il, tu es cause de grands malheurs, pour moi, pour toi, et pour mon peuple. Demain, notre épreuve était finie. J’allais être véritablement ton mari, sous la forme où tu me vois. Maintenant, je vais être séparé du monde. Le méchant gueux qui me tient en son pouvoir fera de moi ce qu’il voudra. Mais ce qui est fait est fait, et le regret ne sert de rien. Je te pardonne le mal que tu m’as fait. Sors de ce château, où il va se passer des choses que tu ne dois pas voir. Pars, et que le Bon Dieu t’accompagne partout où tu t’en iras. »

La reine sortit en pleurant. Alors, le méchant gueux qui tenait le Roi des Corbeaux en son

  1. Pauline Lacaze fait réveiller le Roi des Corbeaux par l’éclat de la lumière, trop rapprochée de ses yeux.