Page:Bladé - Contes populaires de la Gascogne, t. 1, 1886.djvu/91

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
27
GRÉCO-LATINES


— « Pauvrette, dit la vieille lavandière, te voilà malheureuse, comme je te l’avais dit. Mais les conseils ne servent de rien, et ce qui doit arriver ne manque jamais. Tu m’as fait service autrefois, et bien t’en prend aujourd’hui. Tiens. Voici une paire de souliers de fer, pour aller à la recherche de ton mari, prisonnier, à la cime d’une haute montagne, dans une île de la mer. Voici une besace, où le pain ne manquera pas, pour tant que tu manges. Voici une gourde, où le vin ne manquera pas, pour tant que tu boives. Voici un couteau, pour te défendre, pour couper l’herbe bleue, l’herbe qui chante nuit et jour, l’herbe qui brise le fer. Quand tes souliers seront rompus, tu seras près de délivrer le Roi des Corbeaux.

— Merci, lavandière. »

La reine partit.

Trois jours après, elle arriva dans le pays où il ne fait ni nuit ni lune, et où le soleil rayonne toujours. Là, elle marcha tout un an. Quand elle avait faim et soif, le pain et le vin ne manquaient pas dans la besace et dans la gourde. Quand elle avait envie de dormir, elle se couchait par terre, et sommeillait. Au bout d’un an, elle trouva l’herbe bleue de la tête à la racine, l’herbe bleue comme la fleur du lin.

Aussitôt, la reine tira son couteau d’or.