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CONTES MYSTIQUES

— « Prince des Sept Vaches d’Or, votre pareil est à naître. Pour vous, nous traverserions l’eau et le feu.

— Merci, mes amis. »

Un soir que le Prince des Sept Vaches d’Or était tout seul dans sa chambre, il vit entrer un jeune homme qui pleurait.

— « Mon ami, que demandes-tu ? Dis-moi pourquoi tu pleures.

— Prince des Sept Vaches d’Or, je vous demande un grand service, et j’ai bien raison de pleurer. Depuis l’âge de sept ans, j’ai perdu mon père et ma mère. Mais les aumônes ne m’ont pas manqué, jusqu’à ce que j’ai été assez grand pour gagner ma vie. Je m’étais fait une maîtresse, belle comme le jour, et sage comme une sainte. Nous allions nous marier, mais ma maîtresse est morte ce matin. Maintenant, j’ai fini de parler aux filles. Si je savais le latin, pour comprendre ce qui est écrit dans le missel, je me ferais moine. Prince des Sept Vaches d’Or, vous êtes riche et aumônier. Donnez-moi cent écus, pour porter le deuil de ma maîtresse, et pour lui faire dire des messes.

— Mon ami, tu n’auras pas cent écus. Voici cent pistoles[1]. C’est à prendre ou à laisser.

  1. Les petits écus valaient trois livres, les grands six, et les pistoles dix. On compte encore, en Gascogne, par petits écus et pistoles.