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CONTES MYSTIQUES

Mais le Valet noir se méfiait. Il frappa sans peur ni crainte.

Quand le roseau vit que le Valet noir relevait sa hachette pour le troisième coup, il se changea en jeune fille, pareille à la maîtresse morte du Valet noir.

Alors, le pauvre homme se mit à trembler comme la feuille. Mais il se souvint de ce que le Prince des Sept Vaches d’Or lui avait dit, et il frappa sans peur ni crainte.

— « Prince des Sept Vaches d’Or, le roseau est à bas.

— Coupes-en de quoi faire une flûte, et partons. »

En entrant au château le Prince des Sept Vaches d’Or dit :

— « Valet noir, chaque nuit, quand les gens du château seront endormis, viens dans ma chambre, je t’enseignerai l’air qui ne peut être joué que sur la flûte que tu feras avec ce roseau. »

Ce qui fut dit fut fait. Le matin de la Saint-Jean venu, le Prince des Sept Vaches d’Or dit :

— « Valet noir, ce soir, quand tous les gens du château seront endormis, prends ta flûte, deux grands chaudrons, sept sacs de bonne toile de chanvre, et ne manque pas de te trouver, à minuit, au bord du Gers, dans la prairie qui est au-dessus de mon moulin. »