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CONTES DIVERS

Alors, le marquis descendit à l’écurie, détacha son grand cheval noir, lui mit la bride et la selle, et partit au grand galop.

Pendant que tout cela se passait, la Belle Madeleine s’en allait à la grâce de Dieu. Elle s’en allait avec ses deux filles, portant les deux bras de leur pauvre mère. Par bonheur, les braves gens avaient pitié d’elles, et ne leur refusaient jamais l’aumône.

Toutes trois marchèrent ainsi longtemps, bien longtemps. Un soir, elles arrivèrent sur le bord d’une rivière.

Au bord de la rivière, trois vieux pauvres se disaient :

— « Comment ferons-nous pour passer l’eau ?

— Pauvres, dit la Belle Madeleine, je suis forte. Montez sur mon dos. Je vous passerai tour à tour. »

La Belle Madeleine prit un des trois vieux pauvres sur son dos, et le porta de l’autre côté de l’eau.

— « Merci, Belle Madeleine. M’as-tu trouvé bien lourd à porter ?

— Pauvre, je t’ai trouvé plus lourd à porter que je ne saurais le dire.

— Belle Madeleine, je suis saint Jean. Ta charité te sera payée. »

La Belle Madeleine s’en retourna chercher un