Aller au contenu

Page:Bladé - Contes populaires de la Gascogne, t. 2, 1886.djvu/152

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
140
CONTES MYSTIQUES

main, à la pointe de l’aube, la Petite Demoiselle se leva pour peigner du lin. Et le lin criait :

— « Aïe ! aïe !

— Souffre, lin, souffre, disait la Petite Demoiselle. Moi, j’ai bien souffert. On m’a coupé le poignet, on m’a mis une enfant morte dans le tablier. Et pourtant je suis ici. »

Alors, les étrangers qui l’entendaient dirent :

— « Vous êtes bien la Petite Demoiselle.

— Non, je ne la suis pas. Vous voyez bien que je ne suis pas manchote. Vous voyez bien que l’enfant que j’ai avec moi n’est pas morte.

— Petite Demoiselle, il faut que vous veniez avec nous.

— Non, je ne veux pas y aller. »

Mais les étrangers emmenèrent la Petite Demoiselle par force, avec l’enfant, et ils les reconduisirent dans leur pays. Comme ils approchaient du village, les cloches se lancèrent d’elles-mêmes à la volée. Et à partir de ce moment, les récoltes redevinrent là aussi belles que dans les autres paroisses[1].

  1. Dicté par Cadette Saint-Avit, du hameau de Cazeneuve, commune du Castéra-Lectourois (Gers).