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Page:Bladé - Contes populaires de la Gascogne, t. 2, 1886.djvu/186

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SUPERSTITIONS

bourait avec des bœufs plus grands que des maisons. Jamais on n’avait vu, jamais on ne verra des récoltes comme les siennes. Aussi le bouvier était-il riche autant que la mer. Ses voisins auraient tout donné pour avoir du bétail tel que le sien ; mais il en gardait l’espèce pour lui seul, et saignait tous les veaux qu’il avait de trop.

Un soir, deux voleurs se cachèrent dans son étable. Sur le coup de minuit, ils détachèrent doucement, bien doucement, une vache et un taureau, et partirent vite, vite, du côté de la Montagne[1].

Avant la pointe de l’aube, le bouvier entra dans l’étable avec son valet.

— « Milliard de Dieux ! Les voleurs m’ont dérobé une vache et un taureau. Allons, valet. Prends ton aiguillon ferré. Suis ces canailles à la trace, et fais-leur passer le goût du pain. Il faut que demain ma vache et mon taureau soient à l’étable.

— Maître, vous serez obéi. »

Le valet prit son aiguillon ferré et partit. Le lendemain, il n’était pas encore revenu.

Alors, le bouvier se mit à jurer comme un païen.

  1. Les Pyrénées.