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SUPERSTITIONS

— « Forgeron, je suis le Diable. Forgeron, je sais ce que tu penses. Tu penses : « Jamais je n’épouserai la fille que j’aime. Je suis à bout de moyens. Demain, les huissiers et les recors me feront visite. Ma maisonnette et ma forge seront vendues. Que vais-je devenir ? » Tiens, prends cette bourse pleine de doubles louis d’or et de quadruples d’Espagne. Paie ce que tu dois. Épouse la fille que tu aimes. Dans sept ans, tu me rembourseras mon or. Sinon, je t’emporte dans mon enfer.

— « Diable, c’est chose entendue. »

Le Diable partit, et le Forgeron rentra dans sa maisonnette.

Huit jours après, tous les usuriers étaient payés, et le Forgeron avait épousé la fille qu’il aimait.

— « Maintenant, me voilà tranquille. Je vais travailler fort et ferme. Le Diable aura son or au temps promis. Ainsi, il ne m’emportera pas dans son enfer. »

Et le Forgeron travaillait, travaillait comme un galérien, de l’aube à minuit. Au bout de sept ans moins un jour, il lui manquait encore cent pistoles.

— « Malheur ! Demain le Diable m’emportera dans son enfer. »

En ce moment, trois hommes, montés chacun sur son âne, s’arrêtaient devant la maisonnette.

— « Bonsoir, Forgeron.