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SUPERSTITIONS

loir. J’ai ouï dire que vous parliez le français aussi bien que les avocats d’Auch, et même d’Agen. Pourtant, vous n’êtes pas un francimant[1], et il n’y a pas de métayer qui sache le patois mieux que vous. Aujourd’hui, force bourgeois de Lectoure, qui ont vingt-quatre heures de loisir par jour, en passent plus de la moitié à lire les nouvelles, et à se disputer, pour savoir qui on nommera aux élections. Ils font semblant de ne pas croire aux sorciers et aux loups-garous. Mais j’en connais qui, la nuit, tremblent de peur dans leur lit, quand ils ont soufflé leur chandelle.

Tout cela, Monsieur Bladé, est pour vous dire que si je savais la contre-messe de saint Sécaire, je vous la réciterais de bon cœur, pour la mettre par écrit, parce que je vous crois incapable d’en faire un mauvais usage. Marquez pourtant que cette contre-messe a le pouvoir de faire sécher peu à peu le mauvais prêtre, et les gens qui l’ont payé. Ils meurent, sans qu’on sache pourquoi ni comment, et sans que les médecins y voient goutte[2].

  1. Se dit d’un homme qui affecte la langage et les manières des Français du Nord.
  2. Dicté par feu Cazaux, de Lectoure. La croyance à la Messe de saint Sécaire est encore fort répandue en Gascogne. Cazaux seul m’a parlé de la contre-messe.