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Esprits et Fantômes

pendu à un endroit de l’écurie, où nul ne devait le toucher que le Drac lui-même. En paiement de ce fouet, le Drac faisait de grands services au maquignon. Il lui soignait si bien ses chevaux et ses juments, qu’on n’en aurait pas trouvé de si beaux aux foires d’Agen et de Toulouse.

Par malheur, le maquignon eut un jour la fantaisie de se servir du fouet de soie, et le Drac ne tarda pas à se venger. Le même soir, on entendit des coups de fouet claquer dans l’écurie, et les chevaux sauter et hennir. Aussitôt, on y alla. On ne vit rien. Mais les pauvres bêtes étaient mouillées de sueur, comme si elles avaient fait dix lieues au grand galop.

Chaque soir, le tapage recommença. Pour tant que veillassent le maître et les valets, ils ne purent jamais rien voir. Au bout de sept mois juste, on n’entendit plus rien. Peut-être le Drac fut-il chassé par les conjurations d’un grand devin que le maquignon fit venir des Landes[1]. Peut-être aussi le Drac se trouva-t-il assez vengé, et s’en alla-t-il de lui-même quelque autre part[2].

  1. Les devins des Landes étaient, et sont encore renommés dans toute la Gascogne.
  2. Cette première partie du récit m’a été dictée par Pierre Lalanne, de Lectoure (Gers).