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Page:Bladé - Contes populaires de la Gascogne, t. 2, 1886.djvu/383

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Les Animaux

naient plonger dans sa gueule. Cela vint au point, que nul n’osait aller garder son bétail, à moins de trois lieues de la demeure du Serpent.

Alors, les gens du pays s’assemblèrent, et firent tambouriner dans tous les villages.

— « Ran tan plan, ran tan plan, ran tan plan. Celui qui tuera le Serpent sera libre de toucher, pour rien, sur la Montagne, cent vaches, avec leurs veaux, cent juments avec leurs poulains, cinq cents brebis, et cinq cents chèvres. »

En ce temps-là, vivait un jeune forgeron, fort et hardi comme Samson, avisé comme pas un.

— « C’est moi, dit-il, qui me charge de tuer le Serpent, et de gagner la récompense promise. »

Que fit le forgeron ? Sans être vu du Serpent, il installa sa forge dans une grotte, juste au-dessous du rocher où demeurait la male bête. Cela fait, il se lia, par la ceinture, avec une longue chaîne de fer, et plomba solidement l’autre bout dans la pierre de la grotte.

— « Maintenant, dit-il, nous allons rire. »

Alors, le forgeron plongea dans le feu sept barres de fer, grosses comme la cuisse, et souffla ferme. Quand elles furent rouges, il les jeta dehors. Par la force des yeux et de l’haleine du Serpent, les sept barres de fer rouges, grosses comme la cuisse, s’enlevèrent de terre comme des plumes, et vinrent plonger dans sa gueule.