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CONTES MYSTIQUES

femme. Sinon, je pars pour les Îles, et je n’en reviendrai jamais, jamais.

— Pauvre ami, tu ne partiras pas pour les Îles. Épouse la Belle Jeanneton. »

Ce qui fut dit fut fait. Longtemps, bien longtemps, le fils du roi de France et la Belle Jeanneton vécurent riches et heureux[1].

  1. Dicté par mademoiselle Marie Sant, de Sarrant (Gers). Le conte de La Belle Jeanneton est encore assez répandu dans la Gascogne et l’Agenais. Pierre Lalanne, de Lectoure (Gers), ma belle-mère, madame Lacroix, de Notre-Dame-de-Bonencontre, et Marianne Bense, du Passage-d’Agen (Lot-et-Garonne), m’ont aussi fourni ce récit, mais moins complet et moins bien lié que la narration de mademoiselle Marie Sant. Madame Lacroix et Marianne Bense, désignent l’Ogre sous le nom de Tartari, et sa femme sous le nom de Tartarino. Je n’ai jamais rencontré ces deux vocables dans les pays de langue d’oc situés sur la rive gauche de la Garonne. Mais dans l’Agenais proprement dit, situé sur la rive droite, quelques vieillards disent encore : Negre coumo Tartari, noir comme Tartari ; mechant coumo Tartari, méchant comme Tartari. Avant d’habiter Agen, j’y suis venu bien souvent, pendant mon enfance, surtout à l’époque des foires du Gravier et du Pin, où je ne manquais aucune représentation des théâtres classiques de marionnettes. Je me souviens fort bien qu’alors, certains paysans donnaient, au Diable noir, qui emporte Polichinelle, le nom de Tartari, qui maintenant est presque perdu.