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CONTES MYSTIQUES

— « Au galop ! »

Le cheval blanc partit aussi vite que le vent, jusqu’au plus fourré du grand bois.

— « Hardi ! Fils du roi d’Espagne. Voici la terrible Bête sauvage. »

Pendant une grosse heure d’horloge, le Fils du roi d’Espagne fit bataille, à grands coups d’épée, contre la terrible Bête sauvage, sans jamais pouvoir la frapper au bon endroit. Il commençait à se lasser. Alors, le Roi des Hiboux partit plus vite qu’un éclair. En deux coups de bec, il creva les yeux de la terrible Bête sauvage.

— « Hardi ! Fils du roi d’Espagne. Frappe au bon endroit. »

Le Fils du roi d’Espagne obéit.

— « Fils du roi d’Espagne, la terrible Bête sauvage a fini de mal faire. Prends le vin qui rend la jeunesse, le vin dont il ne reste plus qu’une bouteille, le vin conservé depuis les noces de Cana, où fut invité Notre-Seigneur Jésus-Christ. Fils du roi d’Espagne, je t’ai payé ton service. Adieu. »

Et le Roi des Hiboux s’envola dans le grand bois. On ne l’a revu jamais, jamais.

Alors, le Fils du roi d’Espagne sauta sur son cheval blanc, et repartit au grand galop. Au bout de trois lieues, il s’arrêta près d’un ruisseau, pour laisser souffler sa bête. Au bord du ruisseau,