Page:Bladé - Contes populaires de la Gascogne, t. 2, 1886.djvu/85

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
73
LES MORTS

— « Bonjour, capitaine. Donne-moi le moyen de foire fortune. Dis-moi les choses qui valent la peine d’être écoutées.

— Jean de Calais, je parlerai, si tu me jures par ton âme que tu n’en rediras pas un mot.

— Capitaine, je te le jure par mon âme.

— Jean de Calais, tu veux faire fortune. Viens avec moi. Ici, je commande à cent pirates forts et hardis. Les pirates sont des mariniers qui courent le monde, pour piller partout où ils peuvent. Viens avec moi. Dans un an, tu gagneras ton pesant d’or.

— Capitaine, ce serait de l’or mal gagné.

— Jean de Calais, quand tu paies, les gens ne te demandent pas d’où vient ton or. Ils regardent s’il n’est pas faux. Viens avec moi. Si tu mets la main sur quelque belle fille, nous la garderons ici prisonnière. Tu en feras à ta volonté, si mieux tu n’aimes la vendre cher. Tiens, pas plus tard que le mois passé, moi, j’ai volé les deux filles du roi de Lisbonne, en Portugal. Suis-moi. Je veux te les montrer. »

Jean de Calais suivit le capitaine des pirates. Dans une chambrette du navire, deux filles, plus belles que le jour, priaient Dieu, et pleuraient comme des Madeleines.

— « Jean de Calais, regarde. L’aînée marche vers ses dix-huit ans. La cadette n’en a pas sept.