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LES MORTS

— « Tu es mon mari ! Tu es mon mari !

— Tais-toi, pauvre femme. Nous deviserons plus tard. Maintenant, montons vite dans ta chambre. »

Ce qui fut dit fut fait. Une fois dans la chambre, Jean de Calais poussa les verrous, et ferma la porte à double tour.

— « Femme, vite une épée. Bien. Et maintenant, vite, des ciseaux. Vite, un rasoir et du savon. Vite, du linge blanc, et de beaux habits. Bien. Et maintenant, hâte-toi de t’habiller en mariée. »

La femme obéit. Pendant qu’elle s’habillait en mariée, Jean de Calais coupait ses cheveux, rasait sa barbe, mettait du linge blanc, passait ses beaux habits, et ceignait son épée.

— « Eh bien, femme, ai-je toujours l’air d’un pauvre mendiant ? »

En ce moment, un grand bruit de tambours et de trompettes se fit entendre. Devant le château, trente mille hommes vinrent se ranger en bataille, trente mille hommes commandés par deux rois couronnés d’or, et montés sur des chevaux blancs.

— « Femme, regarde. Regarde ton père, le roi de Lisbonne en Portugal. Depuis sept ans, le vieux brave homme s’est lassé de nous attendre. Le voici qui vient nous chercher, en compagnie